vendredi 17 septembre 2010

Rimbaud, " Plongée dans le révélateur"


Rimbaud, « Plongée dans le révélateur », Mediapart, 19.9.2010

Mediapart nous autorise à publier les commentaires de ses abonnés au dossier de la rédaction « Plongée dans le révélateur » sur la photo de Rimbaud. Nous avons souhaité les reproduire presque dans leur intégralité (à la date du 21 septembre au soir), pas seulement parce qu’ils sont plutôt enthousiastes, mais aussi parce qu’ils émanent d’un public qui n’a pas d’a priori sur la question, et qu’ils sont d’une tenue et d’une sensibilité que l’on rencontre rarement dans les commentaires sur Internet. (Nous avons abrégé sous forme d’initiales les noms des contributeurs.)

COMMENTAIRES :

- 19/09/2010 13:40 Par DT  
Passionnant 

- 19/09/2010 14:17 Par AK  
"La photographie prise sur la terrasse de l'hôtel de l'Univers d'Aden, au contraire, ne le montre nullement solitaire – il est dans un groupe –, un peu particulier mais ni inspiré ni tourmenté". 
On peut être au milieu d'un groupe et être : "lointain, effacé, distant, solitaire". Sur cette photo en particulier. 
Tout le reste de l'entretien est intéressant.

- 19/09/2010 14:36 Par AGC
Un beau titre pour cet article qui prolonge le précédent en nous plongeant, avec bonheur, dans les arcanes d'une passionnante recherche.  
De superbes photos dans la première vidéo. Vendues au kilo…

- 19/09/2010 15:01 Par D
Il devait être bon de prendre son café sur la véranda de l'Hôtel de l'Univers en aout 1880, comme j'aurais aimé être là et serrer la pince à ce bon vieux Arthur.
Merci pour cet excellent article.

- 20/09/2010 14:06 Par EC
Aout à Aden? 
Il devait faire bon, oui.
Dans les 45° le matin...

- 19/09/2010 15:10 Par KK
De quoi parle-ton? de poèsie et d'un poète ou d'une magouille spéculative sur les lambeaux et les poussières de sa vie?
Ce genre de "trouvaille" me laisse plus froid que l'hiver.

- 19/09/2010 15:18 Par SF
La photo la plus anodine, en figeant le temps, apporte avec les années de précieux renseignements.
Moi aussi, je trouve le deuxième personnage plutôt effacé et en retrait par rapport aux autres.

- 19/09/2010 15:46 Par YN
On parle ici d'un poète ayant écrit une oeuvre poétique majeure. Sa présence outre ses écrits nous est encore fascinante, lui assis à nous regarder 130 ans plus tard. La poésie est fascination profonde de l'humain face au monde, y être sensible c'est la perpétuer. Merci, un grand merci, pour cet excellent envol vers l'Afrique et la poésie.

- 19/09/2010 15:57 Par DN
Merci pour ce travail aux "fixateurs" !
Révélateur de notre histoire poétique ; mais aussi fixateur des images de cet être quasi-mythique dont les textes - que dis-je - dont la musique hors et dans les mots continue à m'enchanter ...

- 19/09/2010 16:30 Par DB
"... qui aurait du, normalement, finir à la poubelle"
et voila justement pourquoi c'est toujours une mauvaise idée de détruire ce genre de document! Car même s'il ne s'était pas agi de Rimbaud, la photo pouvait avoir un intérêt historique à d'autres titres. Et c'est d'ailleurs ce que montre l'article et les entretiens... 

- 19/09/2010 18:16 Par VP
touchée de cet article. 130 ans, ce n'est pas suffisant pour l'oubli d'un visage. Sans doute se serait-il amusé de cette postérité iconographique...
Médiapart, c'est aussi ça.

- 19/09/2010 19:55 Par GS  
Passionnant. Et vu le déchaînement des critiques lors du premier papier, presque aussi un soulagement. Pour le reste, exactement (mot pour mot) comme VP ci-dessus. Merci Patrice !

- 19/09/2010 22:31 Par TM  
Etonnante enquête et belle persévérance des "révélateurs"! Merci de nous entraîner derrière eux, cher Patrice.

- 19/09/2010 22:18 Par Patrice Beray
Merci pour vos mots.
Et oui, on parle de ce poète qui a cessé d'écrire, comme on le fait depuis cent ans à peu près. Mais là, le fait nouveau, c'est qu'on parle de l'image de ce poète qui a cessé d'écrire. Et par un étrange effet du temps, cette photo - en rien retouchée, celle-ci - survient à l'époque du numérique. Il y a l'oeuvre et il y a la légende, ce que l'on appelle parfois la vie, quand on veut faire mine de ne pas savoir qu'elle est dans l'oeuvre.
On nous reproche parfois de ne pas donner pas suite à des articles. Le sujet s'y prêtait. En tout cas, ces découvreurs s'y entendent, comme chasseurs de papillons. Et nous ne sommes sans doute pas au bout de nos surprises. Il faut le souhaiter.

- 19/09/2010 22:33 Par P
Passionnant, émouvant. Merci

- 20/09/2010 14:54 Par O  
Merci pour cet article, et pour la vidéo ! Le plus fabuleux, c'est de voir, à l'occasion de la découverte de cette photo, l'efficace du travail scientifique, l'exigence d'historiens et d'experts dans leurs recherches et leurs recoupements; travail ingrat et de longue patience, qui mobilise savoir, compétence et esprit critique pour arracher à la méconnaissance, à l'oubli, les traces testamentaires de l'archive, en tirer une lisibilité légitime. Cela nous rend un peu plus intelligents, un peu plus sensibles, denrées rares en ce moment... Quelle revanche sur l'actuel dénigrement des sachants, de la culture, de l'intellectualité : pur moment de bonheur.
Cf l'article intégral sur le site des Libraires associés

- 20/09/2010 17:05 Par B de L  
Rimbaud n'essayait-il pas en tentant de se remplir les poches à Aden de réaliser le rêve dont il parlait dans "le pauvre songe":
...
Si mon mal se résigne,
Si j'ai jamais quelque or,
Choisirai-je le Nord
Ou le Pays des Vignes ?...

- 20/09/2010 18:48 Par O  
Cette soif d'or, cet appel des horizons ivres qu'il sublime en poésie, Rimbaud ne les conçoit pas dans son coin, il les partage avec toute sa génération; sauf qu'il a la prémonition de l'échec de ce pauvre songe... L'exploration, la conquête idéalisées dans toute la littérature, les discours politiques et scientifiques conforment l'imaginaire de toute l'époque; ils ont inspiré bien des départs... Cela a donné l'horreur, l'horreur : cf Joseph Conrad. Les exactions perpétrées par la colonisation dans toute l'Afrique, ajoutées à l'esclavagisme arabe dans ses régions où il arrive, c'est précisément l'histoire du Congo de Léopold,  des aventuriers Stanley et Livingstone (entre autres) érigée en mythe glorieux... Il est d'ailleurs éclairant que, justement, l'une des photos trouvées dans la caisse où était la fameuse photo de Rimbaud, soit celle de l'embarquement de la dépouille de Livingstone, momifié et transporté en caravane jusqu'à Aden, pour être inhumé en grandes pompes à Westminster !... Depuis, la légende en a pris un coup; mais les réalités que découvre Rimbaud quand il échoue à Aden démesurent son rêve: il s'exténue à parachever l'entreprise avec un entêtement admirable, y fracasse son existence, comme tant d'autres de ses semblables acharnés à tirer le profit qu'ils peuvent... Rimbaud n'est peut-être pas assez rapace, malin, ou cynique, trop intelligent ou trop désabusé pour s'enrichir vraiment ?... Il n'a pas la surface sociale de ses employeurs successifs, ni la culture d'entreprise que donne un milieu... Ses difficultés et revers sont comparables à ceux que rencontraient ses contemporains échoués dans ces contrées, il a échappé au massacre dont mouraient la plupart, sa fin ressemble à celle de beaucoup : exténuement, fièvres, maladies en tous genres...   Les rimbaldolâtres ont simplement du mal à digérer que le poète de Charleville ait été un homme de son temps... Si cette photo nous enseigne quelque chose, c'est juste ça, et c'est énorme.

- 21/09/2010 09:29 Par PF
Autrement dit : l'oeuvre qui ouvrit notre jeunesse ( l' invention de Rimbaud, aprés que l'on eut tant baillé à Corneille, près de la fenêtre, ou du radiateur (les petits matins d'hiver), cette oeuvre ne fut-elle pas portée par un corps ? Elle le fut. Et que l'on interroge le mystére de la disparition de ce corps (et son apparition) est signe, pour moi, que l'on interroge le mystére même. 
"Révélateur", dit-on, en photo chimique, ou alchimique. 

- 21/09/2010 06:35 Par Patrice Beray
O, j'ajoute à votre tableau sur l'homme dans son temps, le fait que c'est surtout la figure plus que l'oeuvre qui a sans doute marqué les générations immédiates du poète, et durablement (d'où l'importance de la représentation du poète). La réception elle-même des poèmes de Rimbaud se produit à contre-temps, c'est une décennie après qu'il a arrêté d'écrire que la publication des Illuminations fonde pour grande partie le symbolisme. Et il y a dans ses poèmes, sur la question du vers même, déjà 'libre", dans l'écriture de Rimbaud (ses accroches narratives, ses versants hallucinatoires, cette qualité de jaillissement interne de la lumière qu'elle projette sur le monde, et non l'inverse, comme dans les toiles d'un certain Rembrandt...), bien des choses qui dépassent déjà le symbolisme. Bref, ce "passant considérable" de Mallarmé à propos de Rimbaud vaut à la fois pour l'homme et pour l'oeuvre. De quoi ne pas s'en remettre pour toujours...

- 21/09/2010 09:22 Par PF  
"En somme", d'un poéte surgi de nulle part, et de l'oeuvre surgie de nulle part, l'éclat.
Le poéte disparu dans un "désert", puis un hôpital, anonyme inconnu du grand nombre, l'oeuvre éclatante encore.
"De quoi ne pas s'en remettre pour toujours"... Jusqu'à Patti Smith et son "Radio Ethiopia". Et l'Abyssinie de l'Abitibi (au Québec). 

- 21/09/2010 12:00 Par JCL  
En chaque adulte, un disparu
– qui se retient ?

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